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PROLOGUE

- Venez venez, petits curieux ! Ni'awtu ne vous fera aucun mal, non... Ni'awtu aime toutes les créatures d'Eywa... à sa façon ! Hi hi hi !

Peu rassurés, les deux enfants entrèrent dans la petite grotte, les yeux grands ouverts sur les objets hétéroclites et mystérieux qui constituaient la décoration de la pièce. Il reconnurent de petits talismans en os de loup-vipère, des grandes tentures en peau de bêtes - dangereuses ou pas - et tressaillirent à la vue d'un bocal translucide hébergeant une colonie de petits poissons carnivores.

- Vous pouvez toucher ! Si vous ne tenez pas trop à vos doigts... hi hi hi ! Allez entrez donc. Vous n'êtes tout de même pas venus jusqu'ici pour rien !

La na'vi sautilla sur quelques mètres pour aller se percher sur un monticule de fourrures dans lequel elle s'enfonça avec un grognement de satisfaction. Sa peau pâle et striée luisait faiblement dans l'obscurité de sa tanière, et les deux pupilles de ses yeux étaient braquées comme deux projecteurs sur ses deux visiteurs. Ces derniers hésitèrent un moment avant de surmonter leur appréhension : l'un deux s'assit sur un tambour cérémonial tandis que l'autre préférait le confort d'un panier suspendu. Comme si elle était incapable de supporter trop de silence trop longtemps, la dénommée Ni'awtu emplit de nouveau l'air de sa voix aigue.

- On n'est pas bien chez Ni'awtu ? C'est frais, c'est sombre, c'est loin... C'est mieux qu'au village n'est ce pas !

Les enfants se jetèrent un regard, dansant d'une fesse sur l'autre.

- Bien sûr que c'est mieux qu'au village... Question idiote ! Hi hi hi !
- Vous êtes vraiment une sorcière ?

La question avait fusé, comme un projectile inattendu que le lanceur n'avait même pas prévu. Il ouvrit de grands yeux effarés sur l'objet de son interrogation, craignant d'être dévoré à tout instant. Cependant, contre toute attente, la question fit sourire l'intéressée. De toute ses dents...

- Une... quoi ? Hi hi hi ! mais où as-tu donc entendu ce mot ?
- C'est... les hommes venus du ciel. A l'école. Ils ont dit que vous étiez une sorcière. Et ils vous appellent Grise aussi !

Cette réplique provoqua le fou rire de l'hotesse, qui se tint les cote une bonne minute sous les mines peu rassurée de ses invités.

- Grise ! Grise hi hi hi ! Ils ont de l'humour ces gens là ! Hi hi hi ! Et ils n'ont pas tord non plus...

Elle tendit un bras afin de le placer sous la lumière d'un rayon filtré par la végétation. Sa peau était certes bleue mais l'éclat de la couleur était bien moindre que celle des deux petits na'vi venus la visiter. La comparaison ne laissait planer aucun doute sur l'origine du quolibet : Ni'awtu était bel et bien grise. Elle joua avec ses doigts, les faisant danser à l'ombre de l'astre du ciel.

- Ni'awtu est bleue comme vous, mais elle l'est moins ! Eywa l'a faite ainsi, et Ni'awtu est bien contente d'avoir été peinte d'une autre façon que ses compagnons, ça oui ! Si vous voulez l'appeler Grise vous pouvez ... jusqu'à ce qu'elle se fâche ! hi hi hi !
- Ooh... Eywa ! C'est Eywa qui a fait ça !
- Mais oui ! N'est-elle pas notre mère à tous ?

Soudain plus sereins, les deux enfants se mirent à rire avec elle tandis qu'elle se levait pour s'accroupir à leurs cotés.

- Touchez la peau de Ni'awtu, vous verrez qu'elle est chaude, comme la vôtre !

Ils effleurèrent ses avant-bras d'un air ravis et s'amusèrent à comparer les zébrures qui les parcouraient.

- Mais alors, pourquoi ne vis-tu pas avec nous au village ? Pourquoi reste-tu loin de nous ?

La sorcière présumée se leva et retourna s'asseoir. Un nuage vint obscurcir le ciel, lui fournissant l'exacte ambiance dramatique dont elle avait besoin pour captiver son auditoire.

- Vous voulez entendre l'histoire de Ni'awtu ? C'est une très longue histoire vous savez... et très compliquée aussi hi hi hi !

Les enfants acquiécèrent gravement, seuls leurs orteils frémissants sur la pierre trahissait leur excitation.

- Très bien ! Alors, tout commence par une fête. Une giiiiigantesque fête....




1. Vilaine

Chez les Omaticayas, chaque naissance est prétexte à de grandes festivités qui durent généralement plus d'une semaine terrienne. Durant ces longues nuits de chants, de danses et de nourriture à profusion, l'ambiance est propice à la formation de nouvelles paires accouplées parmi les célibataires du clan, ce qui entretient la pérennité du cycle de la vie.

La naissance de Ni'awtu ne devait pas faire exception à la règle : depuis qu'on savait que Rin'ka sa mère portait un enfant, tout le monde se préparait à l'évènement. Même le père, un certain Aylu reconnu pour sa prétention à toute épreuve, avait renoncé à la lune de chasse pour rester auprès de sa chère et tendre. Ce couple là brillait par sa perfection, et ils entretenaient cette image avec grand soin. Chacun doté d'un esprit de meneur, ils avaient trouvé en l'autre le reflet de leur ambition, qui était petit à petit devenue commune. Sans briguer le poste d'Oloeyktan et Tsahik car ils n'avaient pas mauvais fond, ils appréciaient et recherchaient l'attention et la reconnaissance de leur semblables. Cette naissance était un excellent moyen d'attirer l'attention sur eux, et il est triste de constater que cette vision des choses l'emportait sur l'exaltation que peuvent ressentir deux futurs parents à l'approche de la naissance de leur premier enfant.

Seulement la fête fut gâchée. Lorsque la guérisseuse du clan arriva au milieu de la deuxième nuit de fête avec le nouveau-né dans les bras, comme il est coutume, ce n'était pas un sourire éclatant qui animait son visage, mais une triste mine désolée. Le père découvrit son enfant en même temps que la foule et ne put lui non plus retenir une exclamation de surprise : on aurait dit que le bébé était mort tant sa peau était blanche. Mais où étaient donc ces précieux pigments bleus qui faisaient la fierté du peuple na'vi ? On décida que l'enfant souffrait d'une maladie - ce qui devait être le cas, dans les faits - et les choses restèrent ainsi. Seulement ce n'était pas ce qu'avaient prévu Rin'ka et Aylu. Où était l'enfant-miracle resplendissant de santé qui ferait leur fierté ? Ils héritaient d'un nourrisson chétif et malade dont on prédisait qu'il ne vivrait pas assez longtemps pour apprendre à marcher. D'emblée, ils détestèrent leur fille. Bien forcés de s'occuper d'elle malgré leur réticences, ils ne firent que le strict minimum en concentrant leurs efforts sur l'image qu'ils donnaient en tant que parents éplorés plutôt que sur le fond de leur comportement.


2. Excentrique

Cependant et contre toute attente, le bébé grandit aussi normalement qu'il était possible de le faire dans son cas. Elle se mêla aux autres, mais même chez les na'vi tout n'est pas toujours tout rose - ou tout bleu :D.

Très vite, on appela la petite "Ni'awtu", celle qui est seule. Ca n'était pas forcément du seul fait de ses camarades : elle-même fuyait souvent la compagnie des autres pour s'exiler dans des endroits isolés où elle laissait libre cours à son imagination. En effet si Eywa avait omis de lui fournir une couleur de peau décente, elle n'avait pas oublié de lui faire don d'une créativité incroyable. Curieuse de tout, Ni'awtu fit ses propres découvertes loin du commun de mortels, dans un monde imaginaire qu'elle se créait petit à petit tout autour d'elle. Bien entendu, ce monde était peuplé de gens, ses amis.

Ni'awtu ne parlait pas seulement à ces personnages issus de sa tête, mais aussi à tout et n'importe quoi, vivant ou minéral, faune ou flore, ami ou ennemi... Ainsi même les prédateurs les plus dangereux de la jungle eurent droit à la déclamation d'une poésie de son invention, ou bien à une chanson. Un jour, un thanator à qui elle expliquait sa vision des choses, manqua de la tuer. Elle ne fut sauvée que par son absence totale de discernement qui la poussa à se jeter dans le vide du haut d'une falaise. La chance aussi eut son mot à dire puisqu'elle s'en sortit sans trop de mal en rebondissant ici et là.

On apprend de ses erreurs... quand on est normalement constitué. Ni'awtu n'ayant pas cette chance - ou malchance, ça dépend si vous voyez le verre à moitié plein ou à moitié vide - elle était plutôt du genre à retomber dans le même piège jusqu'à s'en lasser et à en chercher un autre plus dangereux encore. Eywa s'en voulait-elle d'avoir négligé son apparence au point de veiller désormais sur elle ? En tout cas Ni'awtu survécu à beaucoup de situations mortelles et se fit peu à peu une place parmi les créatures de la forêt.

Lorsqu'elle atteint l'âge adulte, sa réputation n'était plus à faire. Rin'ka et Aylu étaient sourds et aveugles en ce qui la concernait. Ils niaient en bloc tout ce qui parvenait à leurs oreilles concernant les frasques de leur fille, et la sermonnaient souvent sur sa mauvaise conduite.


3. Solitaire

Vint le jour où on appela Ni'awtu ainsi que certains jeunes de son âge pour aller à la conquête de leur ikran, et ainsi devenir des guerriers de la tribu Omaticaya. Ce qui, soit dit en passant, n'intéressait absolument pas notre fabuleuse héroïne... Elle ne s'était jamais sentie à sa place au milieu de ce qu'elle aurait du appeler "les siens" et se portait bien mieux lorsqu'elle se tenait loin d'eux. Pourquoi alors aller risquer mille périls dans les montagnes Halleluia ? Elle refusa de faire partie du groupe d'expédition, catégoriquement, et rien de ce que put lui hurler sa mère ou des menaces de son père ne la fit changer d'avis. On lui expliqua que sans ikran elle ne ferait jamais vraiment partie du clan, mais cela elle le savait déjà et s'en chatouillait l'oreille avec une babouche... Elle haussa les épaules et tourna les talons, rejoignant sa sombre tanière au coeur de la forêt.

Personne ne vint la prendre par la main pour la ramener. A vrai dire, eux aussi préféraient ne pas avoir affaire à elle... On jugea qu'elle était dérangée et qu'il valait mieux qu'elle reste seule. Quelques fois des gens venaient la voir car on savait que les connaissances qu'elle possédait étaient uniques et parfois très utiles.

Niaw'tu était devenue l'ermite un peu folle qu'elle est toujours aujourd'hui...


ETAT DES FAITS au commencement du RP
et ouverture sur des possibilités de jeu

Niaw'tu vit dans une grotte au coeur de la jungle. Elle fabrique des gri-gri et des talismans qui servent à des tas de choses, intéressantes ou complètement farfelues. Il se pourrait qu'elle soit un peu guérisseuse aussi... Elle sait presque tout de la forêt et de ses secrets, et semble avoir un don spécial avec les animaux qui ne voient pas en elle une menace mais bel et bien une de leur semblable. Ni'awtu vous expliquera que c'est grâce à l'une de nombreuses amulettes qu'elle porte autour du cou, mais c'est plus sûrement parce qu'elle fréquente le milieu animal depuis des années.
Vous pouvez aller demander ses services, qu'elle vous échangera contre des objets ou de la nourriture.
Elle est plus ou moins au courant du cataclysme qui a touché le peuple na'vi à l'époque de Jake Sully, et s'en est protégée en migrant vers les plaines infinies à l'est du continent - elle n'a jamais été une guerrière et ne compte pas le devenir... Elle n'est revenue dans sa grotte que depuis quelques semaines et constate les dégâts avec tristesse. Plusieurs membres du clan Com'ava sont venu la visiter quelques fois pour lui apporter des nouvelles, mais Ni'awtu refuse toujours d'aller se mêler à la populasse...